Des marches. Beaucoup de marches.

Il est 9h à Kyôto, nous sommes dimanche 2 mai, il fait beau, et mon réveil sonne. C'est donc tout naturellement que nous sortons après nous être préparés, vers 13h. Le temps est légèrement couvert mais il fait chaud, un temps idéal pour nous rendre à notre première destination: Fushimi Inari Taisha. Ce temple est un des lieux emblématiques de la ville, connu pour ses milliers de "tori", sorte de portiques rouges, s'alignant sur des kilomètres. Pour éviter de payer une correspondance, on décide de marcher jusqu'à la prochaine station. Ça me laisse le temps de me rendre compte que mon appareil photo est déchargé, j'ai dû rater un branchement la veille ... Donc toutes les photos que j'ai prises ce jour-là sont prise avec mon téléphone, désolée ><

On longe le fleuve qui traverse la ville sur l'axe Nord-Sud. Nous ne sommes pas les seuls à mettre le nez dehors pour profiter du beau temps. On s'arrête dans un konbini pour prendre un déjeuner et le manger sur l'herbe qui borde le fleuve. Juste à côté de nous, un monsieur s'entraîne au saxophone. Des enfants s'amusent à traverser le fleuve sur de grosses pierres sous le regard attentif de leurs parents. Un peu plus loin, un groupe de personnes font du yoga. Mayoyo et moi n'avons pas grand chose à exprimer si ce n'est l'envie de profiter de l'instant présent.

Notre déjeuner englouti, nous reprenons notre chemin. Il est difficile de discuter en se tenant l'un à côté de l'autre tellement il y a de vélos qui circulent sur le trottoir. On croise également des choses étranges sur notre chemin, notamment "ça".

Grosse ambiance.

Après 20-30 minutes de marche, on trouve la station qui nous emmènera à destination. En sortant du métro, on fait le plein de boissons à la pêche (notre nouvelle lubie) et on se dirige vers le temple. Golden week oblige, l'endroit est bondé. On croise beaucoup de touristes sur le chemin, asiatiques pour la plupart, mais aussi caucasiens, et notamment des Français. Ça nous fait tout drôle, on a plus tellement l'habitude. Par contre, eux semblent nous ignorer, comme si on nuisait au dépaysement et à l'exotisme qu'ils étaient venus trouver ici. Cocasse.

On finit par rejoindre l'allée qui mène au temple. Celle-ci regorge de stands de nourriture, de souvenirs et autres petits trucs mignons en tout genre ... Mais il est déjà 15:40, et il me faut réfréner mon envie d'entrer dans chaque boutique, inspecter chaque élément présent et craquer pour la moitié.

Takoyaki !

Je veux y retourner pour tout regarder !!! *-*

Il y a plein de choses à voir, des bâtiments ouverts, des petits tori sur lesquels on peut écrire un voeu, une procession dont je ne saisis le sens, des dizaines de statues ... Dans ce genre de moments, j'aimerai qu'un guide me décrypte tous ces codes qui m'échappent ... Mais je me contente d'observer avec émerveillement le monde fourmiller autour de moi.

L'entrée de la grande ballade qui nous attend.

On aperçoit plus loin l'entrée du tunnel de tori. Des touristes par dizaines immortalisent leur passage. On ne se prive pas d'en faire de même avec Mayoyo. A la fin du premier "tunnel", on arrive devant un petit temple, où on peut faire brûler un bâton d'encens, mais aussi voir de nombreux petits écriteaux personnalisables en forme de tête de renard. Certains se contentent de faire des yeux et une bouche, d'autres se lancent dans des dessins un peu plus hors-sujet ...

Sous les tori.

Dans l'autre sens.

Les pancartes-renards

J'eus été seule, je pense que je serais redescendue après ça. Mais Mayoyo est plus motivé que moi et semble déterminé à continuer. Pour l'instant, ça ne me pose pas de problème, et puis comme ça a l'air de lui tenir à coeur, j'entame avec lui l'ascension de nouvelles marches. Le temps pour monter est idéal. Il fait bon, le temps est nuageux mais clair, ce qui nous permet de profiter du paysage autour de nous. Les tori dressent un chemin dans la forêt. Des cours d'eau coulent à proximité. C'est une promenade presque onirique. La foule que nous croisons me ramène à la réalité.

Une des premières étapes qu'on fait nous permet de voir de petites statues. Mais ce qui m'interpelle cependant, ce sont les distributeurs, impossibles à déloger du paysage nippon, même pendant l'ascension d'une montagne. On en croisera à toutes les étapes quasiment de notre ballade. Ce qui est drôle à observer aussi, c'est que le prix croît avec le nombres de marches montées. Ainsi, la bouteille de 300 mL passe de ¥130 en bas de la montagne à ¥200 à son sommet. On a attendu de redescendre pour se désaltérer ! :D Mayoyo et moi avons une pensée également pour l'employé qui doit faire régulièrement l'ascension pour les réapprovisionner !

C'est normal au Japoooooon !

On s'arrête après 30 minutes d'ascension à une étape qui nous permet d'admirer la vue sur Kyôto. Et ça valait le coup ! On regarde le chemin qui nous reste à parcourir jusqu'au sommet et je commence à perdre un peu la foi. Mais Mayoyo ne flanche pas et tient à atteindre le sommet pour avoir une vue encore plus saisissante sur la ville. Je reprends mon souffle et entame un grand travail sur moi-même pour continuer.

Kyôto !

Autre chose qui me fera m'exclamer régulièrement, ce sont les gens qui montent. Ils sont de tous âges, des jeunes enfants aux personnes âgées (voire très âgées). Alors que je souffle comme un boeuf en grande sportive que je suis, je ne cesse de m'étonner de voir toutes ces personnes monter et descendre comme s'ils faisaient leur promenade de santé. Mais ce qui m'a Vraiment fait halluciner à en pousser des jurons, ce sont les filles ... et leurs chaussures (mince, on avait dit plus les pieds >_< Mais je voulais absolument vous en parler, promis, der' des der' !). Je porte personnellement mes nouvelles baskets blanches pour être à l'aise. Les filles que je vois portent très souvent des ballerines, des sandales, mais des grossièretés m'échappent lorsque je les vois en chaussures compensées, petites chaussures noires à talons, voire chaussures à talons aiguilles ! Le summum, ce fut à quelques dizaines de marches du sommet, je croise une dame très élégante, vêtue d'un kimono et chaussée de geta. Je me suis arrêtée, j'en avais presque le souffle coupé. J'en viens à me demander si elles ressentent la douleur, et comment elles la supportent. Bien sûr qu'elles ont mal, ce sont des êtres humains. Mais c'est impressionnant de voir à quel point elles se négligent dans ce genre de situation. Cela dit, le problème vient peut-être aussi de moi et de ma tolérance à la douleur (chose avec laquelle je pense cependant avoir fait des progrès ← c'est pour toi Papa, vu que je t'attends au tournant).

Pour ceux qui ne voient pas ce que sont kimono et geta, c'est ce genre d'accoutrement.

J'ai laissé Mayoyo me devancer, en voyant qu'il avait le pas plus pressé que moi (private joke: e=mc²). Je prends mon temps pour finir de grimper, accompagnée d'une vieille dame qui semble galérer comme moi. Les dernières marches arrivent, et nous admirons enfin la vue sur ... le temple ? Petite déception de notre part, impossible de voir quoi que ce soit. Mais on profite tout de même l'endroit avant d'entamer la descente. Celle-ci s'avère bien plus meurtrière pour mes genoux ! Je manque de me crouter une ou deux fois ... non, en fait, je me suis bien ramassée une fois. Mais pas de dégâts, heureusement ! Cependant, nous sommes arrivés à 17h au sommet, et les marchands ferment leurs portes devant notre passage, me privant de la glace au matcha sur laquelle je louchais en montant ;(

Je me souviens que j'essayais vraiment de faire un grand sourire. Pour de vrai. xD

Les toutes dernières marches !

Se faire laver les mains par un dragon, c'est BG.

Comme prévu, en arrivant en bas, les boutiques que je voulais dévaliser ferment une par une. J'ai le temps d'en inspecter une et d'acheter des petites babioles avec satisfaction avant qu'elle ne range également son étalage. La pluie commence à tomber et tout le monde se dirige vers la gare la plus proche. Des policiers ont été mobilisés pour gérer le traffic humain et automobile. On prend un ticket pour rejoindre le centre. Le train est bondé, l'atmosphère humide, le genre de temps qui te fait apprécier un chocolat chaud une fois rentré à la maison.

Arrivée en gare pour faire la correspondance, malheur. Impossible de retrouver mon ticket. Je fouille mes poches un nombre incalculable de fois, retourne mon sac à dos, farfouille mon porte-monnaie, cherche et recherche, impossible de le trouver ! J'espère alors que si je repaye un ticket dans cette gare, ça me permettra de passer à l'extérieur de la ligne ... Je cherche activement une borne du regard, ce qui semble interpeller une employée de la gare, arborant un badge "English". Celle-ci se dirige vers moi et me demande s'il y a un problème. Je lui explique la situation et lui demande quoi faire. Elle demande à Mayoyo si lui aussi l'a égaré et il lui répond que non. Elle va nous demander de la suivre et nous fera passer dans la file des tickets, en donnant son approbation à une autre employée. Une fois de l'autre côté, Mayoyo et moi sommes abasourdis. À Paris, ce genre de mésaventures donnerait sûrement lieu à "ça vous fera 150€ d'amende Madame" ;____; Merci Japon \( *-*)/ (Je retrouverai ce fourbe coincé dans une page de mon guide, le lendemain chez Mayoyo ! >_<)

Traitre !

Le soir, on essaie de trouver le quartier Ginza, un des seuls endroits qui vivent la nuit dans la ville. Pas très bien orientés, nous faillirons dans notre mission. Le ventre vide, on s'arrête dans un petit restaurant (vraiment tout piti, peut-être 8 places assises). Le serveur nous dégotte un menu en anglais, et on savourera un très bon repas dans une ambiance très cosy sur un fond de musique jazzy. Un couple est assis à notre gauche et une belle femme très bien habillée (tailleur, petite veste, foulard autour du cou) discute avec le cuisinier à notre droite. Une fois encore, on savoure l'instant. On a peut être pas trouvé Ginza, mais c'était un plaisir de pousser la petite porte de ce restaurant. On rentrera en bus et une fois de plus, on ne fera pas long feu. また明日 ("mata ashita": à demain) !